Action TSAF - Prévention Alcoolisation Foetale

Témoignage SAF : freins à une scolarité heureuse AVSi / AESH

@Action SAF Nov. 2016 

 

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"De la violence institutionnelle"

ou

"Comment mettre des freins à une scolarité heureuse"

 

 

 

Témoignage pour vous parents d'enfants joyeux, pour vous enseignants, responsables d'établissements, qui accueillez nos enfants, pour la grande maison Education Nationale qui se doit d'agir autrement,

 

 

La parole est comme l'eau, une fois versée, on ne la ramasse pas"

proverbe Saharien 

 

 

 

Le 22 novembre 2016, j'apprends par inadvertance que le contrat de l'AVSi (auxiliaire de vie scolaire) de ma fille, n'est pas renouvelé. Alors, que le 16 septembre, le responsable du lycée m'assurait du contraire. Surprise par la situation, j'attends une information officielle de la part de l'établissement, qui ne viendra jamais. Je sais que ma fille va se retrouver dans une situation impossible à vivre, avec le risque de gâcher tout le travail mis en place depuis deux ans.

 

En désaccord total avec cette décision, je décide d'écrire à Monsieur le Directeur Académique de mon département ; en suivant, à Monsieur le Médiateur de l'Education Nationale, à Monsieur le Défenseur des Droits et à Madame Le Ministre de l'Education Nationale.

 

Je lance également un "Appel à solidarité pour ma fille Camille ", afin qu'elle puisse conserver la même AVSi et que le contrat de celle-ci soit renouvelé. J'ai demandé à tous mes amis, à des gens connus et inconnus, d'intervenir auprès du Directeur Académique des Services de L'Éducation Nationale de la Sarthe, en envoyant un courriel de soutien. 

 

Tout ceci entre le 22 et le 29 novembre 2016. 

 

 

ACTION

 

Nuit du 22 au 23 nov  : rédaction et envoi du courriel au Dasen

Jour du 23 nov : rédaction des courriels aux : médiateur EN, défenseur des droits, ministre de l'EN

Soir du 23 nov : tous mes courriels faits et envoyés

Du 24 au 29 nov : "Appel à solidarité pour ma fille Camille", mailing large et suivi

Communication non violente : les "officiels" ont été informés 

Résultat final : Camille a été entendue, merci la vie

 

Point fort : réactivité immédiate, sans attendre l'info officielle qui n'est jamais venue

Point faible : le coeur en bas des marches devant toute cette violence 

 

 

Extrait du courriel envoyé au DASEN le 23 novembre 2016 : 

 

 

Madame Sara P , maman de Camille.
N°, rue Action TSAF - 72000 Sarthe
Tél : 00 00 00 00 00

 

Représentante des parents d'élèves, élue au conseil d'administration du Lycée ... ... depuis deux ans.

 

A l'attention de Monsieur M..., 
Directeur Académique des Services de L'Éducation Nationale de la Sarthe.

 

Objet : Camille, scolarisée au Lycée ... ... de ... : changement d'AVSi

 

 

Monsieur, 

Je viens solliciter votre bienveillance, concernant ma fille Camille et obtenir votre intervention pour résoudre un problème dans une situation qui me préoccupe, à savoir : un changement d'AVSi en cours d'année scolaire.

Pour que vous compreniez bien l'historique de la situation, je vous joins les précédents courriers que j'avais envoyés à votre prédécesseur, Monsieur B... . Celui-ci m'avait répondu avec beaucoup de gentillesse et surtout, il a permis à ma fille Camille, d'entrer dans une classe adaptée, dans laquelle à ce jour elle est très heureuse. 

Vous entendez bien Monsieur, j'emploie le mot "heureuse" et de nos jours, ce n'est pas rien ! C'est ce dont rêve tout parent pour son enfant. C'est ce que tout enseignant souhaite : avoir des élèves heureux d'apprendre. 

Une bonne transmission des savoirs est à ce prix, afin de permettre aux élèves de s'enrichir et d'obtenir une qualification professionnelle à la sortie du lycée. Camille n'en est pas loin, elle est en train de réussir avec l'aide de toute une équipe d'enseignants et une AVSi motivées. Camille bénéficie également de plus de temps aux examens avec présence de l'AVSi. Elle a toute ses chances, alors qu'est-qui ne va pas ?

Pour sa première année CAP Vente 2015/2016 : Camille a bénéficié du soutien d'une AVSi, Madame S., qui a été recrutée sous contrat d'un an de janvier à décembre 2016, par le Lycée ... .... . Celle-ci a vraiment su créer une relation de confiance avec ma fille et grâce à cette aide, elle a pu progresser et avoir une meilleure estime d'elle-même. Elle a du mérite, elle est courageuse et les enseignants l'apprécient beaucoup, car elle est très respectueuse et volontaire.

Pour sa deuxième année CAP Vente 2016/2017 : en septembre, Camille retrouve son AVSi. Toujours en confiance, elle entame l'année, motivée comme jamais. Sachant qu'il va falloir qu'elle continue à s'accrocher, batailler pour acquérir les compétences nécessaires pour obtenir le CAP vente, tant désiré.

Aujourd'hui, 22 novembre 2016, j'apprends que le contrat de Madame S.  ne sera pas renouvelé et qu'elle arrête sa fonction auprès de ma fille en décembre ; au motif qu'une AVSi en CDI de l'Education Nationale, a été affectée sur l'établissement par erreur, pour une élève qui n'y est plus. Pour l'instant, cette dame effectue un remplacement de congé maternité sur le collège ... ... . Elle est sensée reprendre ses fonctions au Lycée ...  ... en janvier 2017. 

L'erreur est humaine, je le comprends tout à fait. Un poste ne peut rester vacant, payé à ne rien faire. Mais là où je ne suis pas d'accord, c'est que ma fille en fasse les frais. Que l'on vienne casser tout le travail mis en place ces dernières années et qui marche : Camille évolue, progresse... et demain, je dois lui annoncer que son AVSi habituelle part dans un mois. Qu'elle va devoir composer avec quelqu'un d'autre, qu'elle ne connaît pas, qui ne la connaît pas. Cette histoire pourrait s'appeler : "Comment mettre des freins à une scolarité heureuse". 

Pouvez-vous me dire en quoi sommes-nous responsable d'une erreur administrative ? 
Pouvez-vous me dire pourquoi ma fille doit en faire les frais ?
Pouvez-vous me dire pourquoi, quand ma fille se bat pour y arriver et accepte d'être aidée ; l'administration vient tout remettre en cause ? Alors qu'une équipe enseignante se bat toute l'année, pour aider des élèves en difficulté d'apprentissage. 

Croyez-vous que pour le temps qu'il reste, il soit impossible de conserver la même AVSi, pour le bien-être et la réussite scolaire, d'une jeune fille heureuse dans son cursus. Expliquez-moi qu'elle est l'intérêt de tout bousculer, alors que tout est en place et que ça marche ! Camille est prête pour son CAP, êtes-vous prêt à la laisser tomber ? Moi, je ne peux pas ! Je ne veux pas laisser tomber ma fille. Alors aidez-nous, faites quelque chose pour que rien ne vienne casser cette belle histoire de scolarité. Camille le mérite.

Renseignez-vous, appelez le lycée, son professeur principale, Madame B., le Proviseur adjoint, Monsieur D., tout le monde vous dira que ma fille vaut le coup et qu'elle a besoin d'être aidée jusqu'au bout dans une démarche cohérente. 

Je n'ai plus de mots pour essayer de vous convaincre, mais j'ai l'espoir au coeur. Puissiez-vous m'entendre et à travers ma voix, permettre à ma fille Camille de réussir sa voie.

En vous remerciant de votre écoute,

Recevez, Monsieur, mes respectueuses salutations.

Sara

 

 

RESULTAT

 

Informée de ma démarche, l'inspection académique de la Sarthe, à bien voulu étudier le dossier de ma fille d'un point de vue pédagogique et a décidé d'un renouvellement du contrat de son AVSi.

Le 29 novembre 2016, lors du Conseil d'administration du Lycée ... ..., j'apprends que le contrat de l'AVSi de ma fille, Madame S., est renouvelé. C'est un grand soulagement pour ma fille et moi-même. Elle va pouvoir finir son année dans les conditions optimales, nécessaires à l'obtention de son CAP.

 

 

Je remercie tous ceux qui ont oeuvré pour que cela soit possible. Ces personnes ont été à l'écoute de ma fille et la logique pédagogique a pris le pas sur la logique administrative. Merci pour elle.

 

 

J'ai conscience de la chance que nous avons eu d'avoir obtenu gain de cause et je trouve anormal que cela ne vaille pas pour tous. J'ai connaissance de situations où la fin ne correspond pas au souhait des parents, des enfants (jeunes ou moins jeunes) et des enseignants. Pire encore, la situation où la famille est mise devant le fait accompli du jour au lendemain. Par son silence, en n'informant pas les parents, la maison Education Nationale et ceux qui la représentent, empêchent ceux-ci d'agir. 

 

 

 

De la violence institutionnelle :

 

Je souhaite dire ici, comment un tel combat est inhumain. Comment ces situations génèrent de la souffrance pour les parents et surtout pour les enfants, qui justement, ont besoin d'être soutenus, accompagnés, dans le but de faciliter leur intégration et leur réussite scolaire. 

 

Je souhaite dire, à quel point dans la vraie vie, l'accueil et l'intégration pour tous est loin d'être un acquis. Cest parfois tout le contraire qui se passe, au nez et à la barbe de tous ! Cautionné par le silence de ceux qui travaillent dans les établissements scolaires,  les académies, les rectorats de la grande maison Education Nationale.

 

Et personne ne dit rien ?!

 

La réalité des familles concernées, c'est : 

 

- contrat d’AVS / AESH non renouvelé

- absence d’AVS / AESH : pénurie d'effectifs

- changement d’AVS / AESH sans être prévenu

- changement d’AVSi /AESHi, par des AVS / AESH mutualisée

- notification MDPH non respectée : heures diminuées

- dialogue quasi inexistant

- information inexistante

- méconnaissance des droits

- méconnaissance des rouages administratifs

- silence imposé

 

Et, s'entendre dire par des responsables d'établissements, ou des enseignants  :

 

"nous ne comprenons pas pourquoi votre enfant a une d'AVS, alors que d'autres, qui en auraient besoin, n'en ont pas ...!?" 

 

Comme si nous, parents, devions porter la responsabilité des absences et du manque de prise en charge pour les autres.

 

 

Qui fait état des difficultés rencontrés sur le terrain ?

Qui fait remonter l'information ?  

Le directeur d'école, de collège ou de lycée, l'enseignant référent MDPH ?

Les infirmières scolaires, le médecin scolaire, l'assistante sociale ?

Les parents, qui n 'ont pas leur mot à dire ?

Qui réceptionne les remontées, s'il y en a et pour en faire quoi ?

Qui écoute qui et qui tient compte de quoi ?

 

Personne ! Il n'y a personne ! Dans les faits, c'est un vide abyssal.

 

 

Dans les rouages de l'Education Nationale, tout le monde s'en moque éperdument ; ça fait des années que ça dure ; chacun se préserve dans sa fonction. Moi, j'appelle cela "se planquer" avec des arguments choc : je n'ai pas la main, ce n'est pas mon rôle, on n'y peut rien, ça vient d'en haut, pas de ligne budgétaire, etc. Aucune compassion pour les familles et ce que cela provoque d'un point de vue émotionnel. Tout le monde se voile la face ! 

 

Et vous parents !? Taisez-vous, vous n'avez rien à dire. Quelle impuissance devant la toute puissante maison Education Nationale.

 

Les parents sont les premiers concernés, ils connaissent bien leurs enfants. Les enfants sont les premiers concernés, aussi ! Ils doivent être partie prenante dans leur devenir, dans la prise de décision ; rien ne doit se faire sans eux. 

 

Les enfants ne sont pas que des dossiers administratifs. L'Education Nationale doit revoir sa copie en matière d'accompagnement individualisé, de prise en charge et d'intégration scolaire. Elle a pour devoir d'humaniser les échanges, pour que le dialogue soit plus ouvert. 

 

A l'heure où on exige des enfants, jeunes et moins jeunes, une bonne tenue, de la politesse et le respect d'autrui ; il me semble qu'en retour, ils sont en droit d'attendre la même chose d'adultes référents. Aucun d'entre eux, ni les familles, ne devraient s'entendre dire, qu'en cas d'absence et/ou de fin de contrat d'une AVS :

 

"l'établissement n'a pas pour obligation de prévenir les parents, ni les enfants"  dixit, l'enseignant référent MDPH

 

 

Faut-il inscrire dans les textes de l'Education Nationale :

- l'établissement devra faire preuve de respect et communiquer correctement avec les familles !?

 

Avouez que ce serait un comble ! La politesse et le savoir-vivre devrait suffire à régler bien des problèmes de communication. Une mobilisation de tous, permettrait, enfin, de trouver des solutions. Mais pour cela, il faut se parler, s'écouter et agir ensemble.

 

Apprendre d'une institution, au dernier moment, que son enfant n'aura pas ou plus d'AVS, le silence d'une l'institution face à ce changement intempestif..., tout cela participe d'une VIOLENCE INSTITUTIONNELLE. Rien n'est préparé, dit, échangé. Mais où est le problème ? Aucun ma petite dame ! On croit rêver face à un tel manquement de la prise en compte de l'humain.

 

 

De quel droit peut-on violenter les gens de la sorte ? De quel droit prive-t-on un enfant ou un jeune, d'un soutien "stable" et indispensable à son apprentissage ? Qui peut justifier et cautionner une telle violence de la part d'une institution ?

 

L'institution n'entend pas ! Il est grand temps que les parents se mobilisent, trouvent le chemin de la liberté d'expression, pour contrer la machine infernale Education Nationale. Contournons les obstacles, refusons d'abdiquer devant les poncifs de ces représentants, qui n'ont pour objet principal, que l'avancée de leur carrière, sans être dérangés dans leurs habitudes bien installées.

 

 

Attention, ce que je dis là, ne vaut pas pour tous ! Il y a dans cette grande maison Education Nationale, des enseignants motivés, à la vocation certaine ; qui font tout ce qu'ils peuvent avec les moyens qu'ils ont. Mais le matériel ne leur suffit pas, si l'humain ne suit pas... et bien souvent, ces enseignants motivés auraient besoin, eux aussi, d'un peu plus de communication de la part de leur institution.

 

 

RAPPEL

L'instruction est un droit pour tous et nous avons pour devoir de permettre à tous de le faire dans de bonnes conditions. Tout cela est prévu dans les textes, mais sur le terrain et dans les pratiques, rien n'est mis en oeuvre pour une bonne intégration et la réussite scolaire de nos enfants joyeux.

 

Parents, nous devons tout faire, pour que le sujet principal de l'Education Nationale soit,

 

"Comment tout mettre en oeuvre, pour une scolarité heureuse" 

 

 

PS : concernant les AVS, Il serait bien d'envisager ces postes comme des métiers à part entière, avec une "vraie" formation initiale et la pérénnisation des contrats. Il n'est pas normal d'avoir une AVSi recrutée dans le cadre d'un emploi aidé, précaire, sans qualification.

 

Je laisse cet article en l'état pour mémoire, pour aider des familles qui se trouveraient dans une situation similaire... dans l'espoir que les temps changent. Je l'ai transmis à un maximum de gens qui sont acteurs, politiques engagés.

 

 

Ce témoignage est aussi pour ma fille. C'est ce que je lui dois, pour qu'elle n'oublie jamais que dans la vie, ça vaut le coup de se battre. Parce qu'elle le vaut bien... et que, tous nos enfants le valent bien.

 

 

Fin de l'histoire !

 

 

 

SAF : Syndrome d'Alcoolisation foetale

TCAF : Troubles causés par l'Alcoolisation Foetale

TSAF : Troubles du Spectre de l'Alcoolisation Foetale



26/09/2021
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